Retour sur le chef d’oeuvre de George « The Boss is Back » Miller. Parce qu’il y aura toujours des choses à dire sur un tel monument.

Ce qu’il y a d’exceptionnel dans la saga MAD MAX, c’est cette idée que chaque film suivant le premier opus ne sont que des variations d’un seul personnage, une seule légende : Max Rockatansky. Le guerrier de la route, ayant perdu jadis femme et enfant. Ainsi, tout comme ROAD WARRIOR fut la suite du premier, THUNDERDOME le fut aussi, FURY ROAD en est la 3ème variation. Un procédé de continuité fascinant, permettant de réinventer à chaque épisode l’univers du guerrier, que peu de sagas au cinéma utilisent. Tout juste me vient en tête LA TRILOGIE DU DOLLAR de Sergio Leone ou bien les EVIL DEAD de Sam Raimi.

https://i0.wp.com/s3-eu-west-1.amazonaws.com/magazine.1.0.allbrary/wp-content/uploads/2015/05/18135243/tom-hardy-voiture-poursuite-masque.jpgOn a tous pensé à Bane de THE DARK KNIGHT RISES, avouez-le.

Alors voilà. 14 mai 2015, MAD MAX FURY ROAD arrive enfin. Et le résultat est tout bonnement incroyable. En fait, il serait plus sensé de dire qu’il est davantage surprenant. Ce qui frappe d’abord, c’est cet univers que George Miller refaçonne à l’infini. Tout Mad Max est là. Concentré dans un film dément de deux heures, brassant une flopée d’idées folles. Miller est un amoureux de la mythologie, de sa complexité. Le film n’est que ça. Un vaste espace d’expérimentations narratives. Les Warboys, les Innombrables Mères, le lait de maman, le Valhalla… des détails, en apparence. Qui, dans l’action se caractérisent de la façon la plus magistrale.
Intervient alors toute la maîtrise de Miller, dans sa mise en scène, découpant l’action à la seconde près. Le miracle dans FURY ROAD, c’est qu’il faut un seul plan, dans l’action pour faire passer une émotion, un détail narratif, une représentation mythologique.

https://i.ytimg.com/vi/mX6Scr-yego/maxresdefault.jpgViewtiful Joe, une fenêtre sur le monde.

Chaque poursuite du film évite, et c’est fabuleux, l’abstraction, en créant les enjeux, dans le feu du mouvement. Le film se crée de lui-même, pose ses briques devant lui à chaque pas. Je pourrais vous détailler une somme de détails et de gestes des personnages qui les caractérisent en un rien de temps pour les rendre attachant, les rend tangibles quant à l’univers qu’ils abordent. Immortan Joe ? Plus proche d’Hummungus que Toecutter. Ses fils ? Une synthèse des ennemis déjà aperçus dans les 3 autres films. Et ainsi de suite…
Mais ce serait gâcher la surprise. Car FURY ROAD génère sans cesse la surprise, si bien qu’au souvenir de la bande annonce, il serait justifié de la qualifier de légèrement mensongère. Certes, le film offre plus que tu en as pour ton argent. Toutefois, quand Miller laisse reposer ses personnages, la puissance de son récit n’en devient que plus phénoménale. Le dernier tiers est aussi jouissif dans ses instants de pause que le premier est incroyable dans sa capacité à enchaîner en alternance deux points de vue sans s’arrêter. Le tire larme se fait exaltation, la richesse du film devient totale. FURY ROAD célèbre bel et bien l’apogée du mouvement, l’utilisation de l’énergie cinétique pour créer son histoire. C’est un concentré de cinéma, palpable des yeux. Un fantasme, pour ainsi dire.
Un film aux enjeux épurés dont la mythologie intérieure, qui n’a rien à envier à tous ces autres films à univers, souvent ceux oeuvrant dans la science fiction.

https://i0.wp.com/screenrant.com/wp-content/uploads/Mad-Max-Fury-Road-the-wives.jpg« Spleeeeeeeendiiiiid »- Jim Carrey approuve.

Ce que FURY ROAD révolutionne réellement, c’est la façon de conter une histoire dans l’action et le chaos, dans la composition visuelle et esthétique en plein mouvement. Chaque plan raconte, consciemment, un petit point d’histoire d’un monde dévasté, furieux et médiéval. « Who kills the world ? » dit une certaine Splendid Angharad. « Be witness », crie un warboy, dans le désespoir comme dans la conviction. Ce souci du détail, du dialogue, de la mise en scène, de l’étalonnage… MAD MAX FURY ROAD est bien un chef d’oeuvre. Mais pas vraiment celui que l’on attendait. Quelque chose de plus surprenant, de plus ample, de plus ambitieux que ce que promettait déjà les trailers d’un point de vue technique. Un véritable terrain dopé aux backgrounds ressurgissant dans l’action. On en prend tellement plein les yeux que tout ne peut se remarquer à la première vision. Alors, tant qu’à faire, autant se replonger dans l’univers encore quelques fois. Un film d’action qui travaille le cerveau ? Raconter une histoire purement visuelle avec un esprit si littéraire, cela tient du génie. Dans ces circonstances, FURY ROAD est à bien des égards autant le HAPPY FEET 3 fantasmé de Miller que son MAD MAX 4. L’oeuvre d’un cinéaste à son apogée.

Mad Max : Fury Road de George Miller

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Martin Lesteven